La logique des mots sino-japonais
Si vous avez commencé à étudier les kanji, vous vous êtes surement rapidement aperçu qu’il existait des mots d’origine japonaise, qui sont notés avec la lecture kun des kanji, et des mots d’origine chinoise, notés avec la lecture on.
Ces derniers peuvent être appelés kango (漢語), mots chinois, ou jukugo (熟語), littéralement « mots mûrs » car ils sont constitués de plusieurs caractères. Il en existe une infinité et il peut être compliqué pour un débutant luttant déjà dans l’apprentissage des kanji de s’y retrouver dans cette mer de vocabulaire.
Cependant, la construction de ces mots obéit à une certaine logique, qui une fois maîtrisée, peut grandement faciliter la compréhension du vocabulaire et des kanji. C’est pourquoi nous allons voir ensemble les différentes constructions possibles dans cet article pour vous permettre d’améliorer votre compréhension du japonais.
De plus, ces catégories de mots figurent également à l’examen des kanji, le Nihon kanji nôryoku kentei 日本漢字能力検定, abrégé en Kanken 漢検.
Caractères antonymes
La première construction que nous allons voir est lorsqu’il s’agit d’un mot formé à partir de deux caractères au sens opposé. Il peut être utile d’apprendre ces mots car cela permet d’enrichir son vocabulaire en apprenant directement un mot avec son contraire.
Voici ici quelques exemples de cette construction :
上下 -Jôge (Au-dessus et en dessous) Ex : 上下に動く -Jôge ni ugoku (Bouger de haut en bas)
勝敗 -Shôhai (Victoire et défaite) Ex : 今日の試合で勝敗が決まる -Kyô no shiai de shôhai ga kimaru (Le résultat sera déterminé par le match d’aujourd’hui)
NB : résultat dans le sens de « victoire ou défaite de l’équipe », c’est l’un ou l’autre. De nombreux jukugo sont utilisés dans ce sens-là.
善悪 -Zen’aku (Le bien et le mal) Ex : 子供はまだ善悪がつかない (les enfants ne savent pas encore discerner le bien du mal)
Vous pouvez également consulter nos articles de prononciation japonaise pour vous habituer et vous améliorer dans celle-ci.
Caractères au sens similaire
La deuxième catégorie de mots concerne ceux qui sont formés de deux caractères ayant un sens similaire. Un seul caractère avec une lecture kun indiquera sans doute une réalité proche, mais un mot composé de deux caractères en lecture on donnera un aspect moins léger au discours que si on utilisait un mot en lecture kun.
Voyons ensemble quelques exemples :
隠蔽 -Inpei (les deux kanji ont le sens de « cacher »), contrairement à 隠す Kakusu (Cacher), 隠蔽 s’utilisera plutôt lorsqu’il s’agit de dissimuler quelque chose, souvent de répréhensible. Ex : 証拠を隠蔽する -Shôko o inpei suru (Dissimuler des preuves)
起立 -Kiritsu (Les deux kanji signifie « se lever ») Il s’agit notamment du terme utilisé par les élèves lors de l’appel en classe : 起立、礼、着席 -Kiritsu, rei, chakuseki (Levez-vous, saluez, asseyez-vous !)
採取 -Saishu (les deux kanji ont le sens de « prendre »). Cependant, ce mot possède la nuance apportée par le premier caractère qui est de « récolter ». Ex : 果実を採取する -Kajitsu o saishu suru (Récolter des fruits)
Un caractère en qualifiant un autre
Cette catégorie de mots concerne des jukugo dont le premier caractère vient qualifier le deuxième. Il est utile de transformer les caractères en lecture kun et de les assembler pour mieux comprendre la construction. De tels mots sont souvent remplaçables par la particule no lorsqu’il s’agit d’un nom, ou par un adjectif qualificatif :
黒板 -Kokuban (Tableau noir) peut être décomposé en lecture kun : 黒い板 -Kuroi ita (planche noir)
牛肉 -Gyûniku (Viande de bœuf) donnera en lecture kun : 牛の肉 -Ushi no niku (Viande de bœuf)
王座 -Ôza (Trône) peut être décomposé en : 王の座 -Ô no za avec la particule no.
Vous pouvez remarquer que le premier caractère qualifie toujours le second.
Un caractère en complément ou but
Cette catégorie de mots concerne des mots dont un caractère vient compléter l’autre, ou exprimer le but d’une action. Pour comprendre ceux-là, il peut être utile de décomposer la phrase comme pour l’exemple précédent, en y ajoutant les particules grammaticales correspondantes à l’action :
国立 -Kokuritsu (National) provient de : 国が立てる -Kuni ga tateru (Créé par le pays)
地震 -Jishin (Séisme) provient de: 地が震える -Chi ga furueru (La terre tremble)
就職 -Shûshoku (Trouver un emploi) provient de : 職に就く-Shoku ni tsuku
On peut donc voir que l’objectif de ces mots composés est entre autre d’exprimer de manière plus pratique un concept nécessitant autrement une périphrase.
Un caractère apportant une négation
Enfin, la dernière catégorie de mots regroupe ceux dont le premier caractère vient apporter une nuance de négation au second. Ceux-ci sont limités à quelques caractères indiquant la négation, et vous en connaissez déjà probablement plusieurs :
非常 -Hijô désigne quelque chose d’inhabituel (常=habituel+négation avec 非)
無料 -Muryô signifie « gratuit » (料 = tarif+ négation avec 無)
不足 -Fusoku signifie « insuffisant » (足=suffire+ négation avec 不)
未熟 -Mijuku signifie « inexpérimenté » (熟 =Mûr+未 indiquant une négation du style pas encore)